En descendant une rue de Durban, nous rencontrons une femme tenant une imposante tapisserie dans les bras. Elle nous dit qu’elle va au marché tenter sa chance… Nous la suivons …
Pat vient au marché tous les jeudis (journée des pauvres) et cette fois-ci pour vendre sa tapisserie faite à partir de sacs en plastique qu’elle nettoie et découpe et sur laquelle il y a le dessin d’un ballon et une inscription en lettre « WOZA 2010 »*. Les «street lights», enfants des rues viennent glaner quelque chose à manger, tombent sur Pat et sur cette image du ballon. Attirés par cette tapisserie et laissant place à leur rêverie, ils imaginent avec Pat la possibilité de faire un vrai ballon à partir de sacs en plastique. Les street kids partent à la recherche de sacs en plastique partout dans la ville.
À l’occasion de cette collecte, nous suivons les enfants dans leur rencontre avec leurs semblables et dans leur traversée de l’espace urbain.
Quelques temps plus tard, Pat retrouve les enfants au rendez vous qu’ils se sont donnés au lieu dit «la forêt aux trois montagnes de sable» qui n’est rien d’autre que quelques arbres à côté de trois tas de sable dans un site en construction.
Un de ces arbres, au coeur de la ville est d’une certaine manière leur maison. Cet arbre est rempli de sacs en plastique qu’ils utilisent comme lieu de stockage. Sous l’arbre, Pat s’installe et se met à fabriquer le ballon-pompon à partir des sacs récoltés que les enfants laissent tomber de l’arbrePendant ce temps, au marché des pauvres que ces enfants nomment aussi « la cuisine de la ville», les maraîchers se débattent avec les autorités. En effet, la municipalité veut fermer et détruire ce marché, qui existe depuis 99 ans, pour créer à la place un supermarché moderne qui ouvrira ses portes en 2010 pendant la Coupe du Monde. « Le centre commercial 2010 va tous nous affamer » peut on lire sur les pancartes de protestation. Nous suivons le ballon comme s’il devenait un participant de hasard dans cette lutte pour la sauvegarde du marché. Vinesh, vendeur de fruits et légumes, mais aussi entraîneur de football, tient le rôle de leader dans cette lutte. Il nous parle des enjeux de ce marché des pauvres dans l’économie de la ville.
De son côté, Pat termine ce ballon qui devient pour les enfants un objet fétiche qu’ils emportent partout avec eux. Le jeudi suivant, comme d’habitude, ils retournent au marché et rencontrent Vinesh. C’est l’anniversaire de Nelson Mandela et Vinesh a décidé d’offrir aux passants quelques centaines de kilos de betteraves, d’oranges et de pommes pour honorer la majesté de «Madiba».
Comme lorsque les enfants avaient remarqué le ballon dans la tapisserie de Pat, Vinesh voit dans le ballon-pompon leur désir et espoir de jouer. Étant lui même passionné de foot, il leur demande de lui passer le ballon qu’il fait voltiger en l’air à sa manière. Ensuite, Vinesh les invite à venir rencontrer l’équipe d’enfants qu’il entraine à Chatsworth dans la banlieue indienne de Durban…
*Allez viens 2010